(english version below)
Du haut de l’immeuble du petit aziz on a toute la médina à nos pieds, en bas les habitué du café sont sur la place. Au loin c’est la mer qu’on imagine, une échappée. Le petit Aziz a fait un contrat avec Bassem, il allait l’aider à construire le bateau mais Bassem devrait l'emmener en ballade une fois que ca serait fini. Dans le quartier tout le monde vient nous voire, “c’est vrai que vous construisez un bateau? Vous allez ou?” Ils rigolent… On sait même pas si il va passer entre les arcades de l’immeuble, si ca passe ca va etre juste! Il est là devant l’atelier, a attendre comme tous les vendredis que Bessem et ses matelots en herbe viennent continuer le travail.
C’est pas évident de construire un bateau… Tout a commencé quand Bassem a vue le petit Aziz fabriquer le auvent avec des lattes de bois, une sorte de structure en contreplaqué avec de fine couche de bois assemblé en arc de cercle. Quand il a vue ca, il a dit avec cette technique on peut construire un bateau. On avait trouver un plan sur internet, un plan en libre accès. Il y avait nous et Bassem le commanditaire, avant il faisait de la planche à voile et il avait toujours voulu construire un bateau. Bassem il est maroquinier de profession, il a son atelier à côté du café en face de notre atelier. Toutes la famille est venu nous voire, ses deux frères, son père, ils sont tous passionnés par l'idée. Tout le monde passe à l’atelier, donne son avis. Un vendredi Bassem est venu avec sa fille et son neveux, ils se sont mis au travail, on a bossé tous ensemble, ils étaient contents. Sa fille a même fait un peu de sérigraphie avec Aisha. D'abord il y a eu un grand travail de découpe, on a fait faire certaine pièces a Kallaline vers le marchand de bois et d’autre derrière les fripes, c'était un peu technique et on avait pas les machines qu’il fallait. Sinon tout se passe a l’atelier, on utilise ce qu’on a comme outils et machines. La colonne vertébrale du bateau est divisé en deux, il a fallu une mortaise pour arriver à faire toute la longueur de 6m du bateau, on a fait une clef et on a mis de la résine. Toute la première parti du travail, pour réaliser les ponts du bateau, El Knater. on l’a faite à l'intérieur de l’atelier en décembre. Au début tout était en pièce détaché. Un vendredi on est sorti sous les arches devant l’atelier, on avait des tables en métal qu’on avait récupéré du collège d'à côté et on a mis la colonne dessus.On a assembler les fesses “Terma” et le nez ”Khcham” du bateau. Au début, c'était difficile de voir que c'était un bateau. Toute la semaine on a installer El Knater: 1, 2, 3… Petit a petit ca nous est apparu, c'était magique. La les gens dans la rue ont commencé a venir nous voire et à s'arrêter devant le chantier. La rumeur s’est répandue dans le quartier. C’est vrai, vous construisez un bateau? Ca coute combien? En fait on sais pas trop combien ca coute, c’est Bassem qui va acheter le bois. Un bateau ça n’a pas de prix.
Tout le monde met la main à la patte, c’est ca qui est énorme, c’est une petite aventure de quartier. Ca prend du temps de construire un bateau, ça nous accompagne dans notre quotidiens. On s'endort avec le soir. Il y a des jours ou on le touche pas, ou c’est seulement le petit Aziz qui travaille dessus. C’est dingue tout ce que tout le monde ramène. Aziz c’est l'énergie, la force, du caractère, Fedi kifkif. Il faut pas croire que c’est de la joaillerie, ca demande beaucoup de force, tu entends le bois qui craque ou qui grince quand tu assembles les pièces. Dali lui est plus doux, c’est la finesse. Moi (le grand Aziz) Bassem m’appel pour tirer des trait, pour trouver une courbe, pour les fesses “Terma” on l’a tracé ensemble, avec un fil tendu, une grande équerre. J’aime bien aussi remplir les vides entre un morceau de bois et un autre. Sculpter une chute, finir une jointure. Un jour Bassem et Aziz ont ramené deux planches de 5.20m, et la, ils ont commencé à suivres la ligne du bateau, on a pris notre temps, c'était magnifique. On voyait le bateau, c’est vraiment là qu’il nous est apparu. Une belle silhouette, on ne s’attendait pas a ca. Pendant tout ce temps de travail on imaginait les lignes et puis un jour c'était la, c'était beau de le voir.
Bassem c’est lui le chef de l'équipage, il connaît les bateaux, il avait l’image dans la tête et nous on a rappliqué avec ce qu'on savait de menuiserie. Quelques fois Bassem venait à l’atelier alors qu’on était pas toujours disponible. On a pas mal de projets en même temps et on ne peut pas dédié tout notre temps au bateau. Il bossait dans son coin mais c'était pas toujours facile parce qu'il demandait souvent aux garçons un coup de main et ça nous empêchait d'avancer sur le reste. On a fini par trouver un équilibre, le vendredi c’est jour du bateau. Ca fait du bien, on se retrouve tous ensemble, quelques fois c’est Bassem qui fait un plat de makarouna, on cuisine les pâtes ou le Ojja dans la cour ou devant l’atelier. On dirait qu’on navigue déjà.
Pour ce qui est du paiement, on savait pas trop comment faire, le bateau c’est pas une commande comme les autres. Finalement on a décidé de faire un troc, Bassem il a des machines et de la matieres premiere dans son atelier, selon nos besoin il pouvait nous en fournir ou nous prêter des machines. Pour nous c’est aussi une opportunité d’apprendre de nouvelles techniques, un échange de savoir.
Dans le Baron de Munchausen de Terry Gilliam il y a cette scène où tous les habitant du quartier donnent leurs vieux draps pour construire un ballon. La ville est assiégée par les turcs et le hero s’envole au milieu de la foule pour finalement atterrir sur la lune. C'est une scène qui est toujours resté gravé dans ma mémoire, d’un coté pour le coté féérique de la montgolfière qui s’envole au dessus de la ville. Mais surtout l'idée de tout un quartier qui travail en secret dans une cour d’immeuble. La force du rêve partagé, d’une chose un peu absurde qu'on va faire tous ensemble, un grain de sable dans la machine.
Quand il pleut pas en Tunisie, dans les villages les enfants confectionnent des poupées avec des bout de tissus et il l’attachent en haut d’un bout de bois. Apres ca il sortent tous ensemble dans le quartier en criant : “kayma ya kayma,Inchallah trawah aayma, inchallah trawah mabloula!” Poupée, poupée, j'espère que tu vas rentrée mouillé!
Grand Aziz & Ben
// Translation //
Un petit bateau sur l’eau
From the top of little Aziz’s building we can see the whole medina at our feet. Below the regulars are sitting in the cafe on the square. In the distance we can imagine the sea, a breakaway. Little Aziz made a contract with Bassem, he was going to help him build the boat but Bassem would have to take him for a ride once it was finished. In the neighborhood everyone comes to see us, "Is it true that you are building a boat? Where are you going?" They laugh.... We don't even know if it will go through the arches of the building, if it does it will be a really close fit! It is there in front of the workshop, waiting for Bassem and his sailing crew to continue the work as they do every friday.
It’s not easy to build a boat… It all started when Bassen saw little Aziz making the awning with wooden slats, a kind of plywood structure with a thin layer of wood assembled in an arc. When he saw it, he said with this technique we can build a boat. We had found a technical drawing on the internet, an open source plan. There was our team and Bassem. He used to do some windsurfing and he had always wanted to build a boat. Bassem is a leatherworker by profession. He has his workshop next to the cafe in front of El Warcha. His whole family came to see us including his three brothers and his father. They are all passionate about the idea. Everyone comes to the workshop and gives their opinion. One Friday Bassem came along with his little daughter and his nephew. We worked together and they were happy. Her daughter even did a bit of screen printing with Aisha.
For making the boat, first, there was a lot of cutting. It was a technical job and we didn’t have all of the machines. So we made certain pieces at Calaline next to the wood merchant and others behind the frippes (second hand clothes market). Otherwise, everything happened in the workshop and we used tools and machines that we have. The spine of the boat was divided in two, it took a mortise to make the full 6m length of the boat. We made a key and we put some resin between the pieces. This was the first part of the work. To make individual pieces of the boat we did it inside the workshop in December. At the beginning everything was in seperate parts. One Friday we went out under the arches in front of the workshop, we had metal tables that we had recovered from the college next door and we put the column on it. We assembled the "Terma" butt and the "Khcham" nose of the boat. At first it was difficult to see that it was a boat. However, over a period of a week as we started to install the rest, the ribbs: 1, 2, 3… little by little it appeared to us. It was magic. The people on the street started coming to us and even stopping at the construction site. Rumors started to spread around the neighborhood. ‘Is it true, you’re building a boat? How much does it cost?’ In fact we didn’t really know how much it cost. It’s Bassen who buys the wood. How much does a dream cost?
Everyone is taking part, it's big, it's an adventure for the whole neighborhood. It takes time to build a boat, it accompanies us in our daily lives. There are days when we don't touch it, or it's just little Aziz working on it. It's crazy what everyone brings to it. Aziz has the energy, the strength, and he brings character. Fedi kifkif (does the same). This is not the job of a jewelry maker, it takes a lot of strength, you hear the wood creaking when you assemble the pieces. Dali is softer, he brings finesse to the work. Bassem calls me (the Grand Aziz) to draw lines. To find a curve for the butt "terma", we drew it together, with ropes and a large square. I also like to fill in the gaps between one piece of wood and another, sculpt an off cut, finish a joint. One day Bassem and Aziz brought back two boards of 5.20m, they started to follow the lines of the boat, we took our time, and it was magnificent. We could see the boat. This is really when it appeared to us. A beautiful figure, we did not expect that. During all this time we imagined the lines and then one day it was there. It was nice to see it.
Bassem is the captain, he knows about boats, he had the picture in his head and we came along with whatever we knew. Sometimes Bassem would come to the workshop but we weren't always available to work on the boat. We have a lot of projects at the same time and we can't dedicate all of our time to the boat. He worked in his corner but it was not always easy because he often asked the boys for help and that prevented us from advancing on the rest. We ended up finding a balance. Friday is dedicated to the construction of the boat. It feels good, we all get together, sometimes Bassem makes a dish of makarouna and we cook pasta or Ojja in front of the workshop. It feels like we are sailing already.
As for payment, we didn't really know how to do it, the boat is not an order like the others. Finally we decided to barter. Bassem has machines and raw materials in his workshop, according to our needs he could give us or lend us machines. For us it is also an opportunity to learn new techniques; an exchange of knowledge.
In the Baron of Munchausen by Terry Gilliam there is this scene where all the inhabitants of a neighbourhood give their old bed sheets to build a balloon. The city is besieged by the Turks and the hero flies away in the middle of the crowd to finally land on the moon. It is a scene that has stuck with me. The magical sight of the makeshift hot air balloon that flies above the city. But most importantly, the idea of a whole neighbourhood working secretly together in a courtyard to make it happen. There is a lot of strength in a shared dream. A somewhat absurd thing that we will all decide to do together. A bit of sand in the machine.
When it’s not raining in Tunisia, in the villages children make dolls with pieces of fabric and tie it at the top of a piece of wood. After that they all go out together on the street, shouting: “kayma ya kayma, Inchallah trawah aayma, inchallah trawah mabloula!” Little Doll, little doll, I hope you will come back wet.
Grand Aziz & Ben